Vivre heureux des maths … ailleurs

Le site Américain CareerCast vient de publier son classement des meilleurs métiers pour l’année 2014, en prenant en considération divers facteurs: revenus, perspectives d’embauches, stress, … Au total 200 postes de toute nature sont analysés, et parmi les quatre premières places, on trouve trois métiers des mathématiques! En première position: mathématicien. En troisième et quatrième positions, deux métiers des statistiques: actuaire et statisticien. Un classement qui peut laisser perplexe en France. L’ultra-domination des grandes écoles sur le marché ne laissant que peu de place aux universitaires en France contrairement à la situation américaine qui laisse leur chance aux puristes.

La nouvelle stratégie française

Après le traumatisme PISA et la fierté nationale de nos médailles Fields, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé qu’il fallait (re-)donner le goût des maths aux élèves et lance un plan de bataille en dix points autour de trois axes:

1 – Des programmes de mathématiques en phase avec leur temps
2 – Des enseignants mieux formés et mieux accompagnés pour la réussite de leurs élèves
3 – Une nouvelle image des mathématiques

Sur la forme, remettre la question de l’enseignement des maths  d’actualité est une bonne chose, la première étape d’un changement est d’avoir conscience qu’il est nécessaire… Sur le fond, l’idée est de rendre les maths ludiques, de montrer qu’elles servent à quelque chose et de les utiliser dans des situations concrètes issues d’autres disciplines, notamment grâce à l’algorithmique.

Des programmes de mathématiques en phase avec leur temps

Il ne me semble pas que les bases utiles à former un mathématicien ou, du moins un étudiant capable d’utiliser les mathématiques, aient changé récemment. Si le but est de tenter d’enseigner les maths sans faire de maths, autant créer un cours de bon sens. Les mathématiques sont une discipline à part entière, et malheureusement pour ce projet, leur apprentissage nécessite un minimum de sueur, de rigueur et de frustration. Essayer de s’en dispenser est vain. Je suis cependant totalement d’accord avec le fait d’introduire des mini-projets de recherche dès le lycée, un peu sur le modèle des TPE. L’utilité des mathématiques doit être enseignée, elle devrait d’ailleurs l’être depuis longtemps, mais vouloir s’affranchir de la discipline que cette science reine demande ne peut former que des esprits aux raisonnements fragiles et incomplets. Avant de créer et d’appliquer, il faut apprendre les bases. Je le concède, apprendre les bases des mathématiques n’est pas toujours très amusant.

Des enseignants mieux formés et mieux accompagnés pour la réussite de leurs élèves

Je dirais plutôt, attirer les bons matheux vers le métiers d’enseignant. Pour l’instant devenir enseignant est davantage une issue de secours pour tous les étudiants que l’on a trainés jusqu’en licence à coup de taux de réussite imposés. Voir l’article précédent. Il est triste que l’on soit obligé de dire qu’il fallait donner du sens à ce que l’on enseigne, cela me semblait naturel mais effectivement en regardant de plus près ce qui est enseigné dans les classes, il était peut-être bon de l’écrire officiellement.

Une nouvelle image des mathématiques

 Il s’agirait simplement de montrer la vraie image des maths. Cet axe devient inutile si le deuxième est respecté, il en est une conséquence. En revanche, il serait intéressant de faire découvrir aux élèves quels sont les métiers possibles avec les mathématiques. Ils restent méconnus du grand public et la majorité des parents et élèves ne voient les maths que comme une matière parmi les autres mais n’y aperçoivent pas les opportunités de carrière.

Dans tous les cas, on ne peut que se réjouir de voir la question posée.