Les lycéens issus de la dernière réforme des programmes passeront le bac cette année. La question est bien-sûr de savoir ce qu’attend l’éducation nationale des nouveaux candidats, quels seront les niveaux de compétences attendus? Ira-t-on vers une revalorisation du diplôme? Attardons nous un instant sur le cas du baccalauréat scientifique.
Les changements de programmes ont nettement allégé le degré de technicité en mathématiques et en physique-chimie, limitant considérablement la possibilité d’écrire des sujets permettant d’évaluer les aptitudes réelles des élèves à poursuivre des études supérieures scientifiques. Mais, pour y voir quelque-chose de positif on peut leur concéder l’introduction de thèmes plus modernes. Ainsi le renforcement de l’enseignement en probabilités et statistiques est intéressant, au moins dans l’idée, tout comme l’introduction de l’algorithmique.
En physique en revanche on parle joyeusement de mécanique quantique, de relativité restreinte, d’interactions faibles et fortes… en évitant soigneusement tout formalisme et en chimie on balance les spectres IR et RMN à déchiffrer avec quelques recettes parachutées. Le problème est qu’il est impossible de traiter ces thèmes correctement sans un niveau avancé en mathématiques. Parler des idées et des concepts de ces théories est certes passionnant, mais alors il s’agit plutôt d’un cours d’histoire des sciences. Au passage il ne serait pas ridicule de donner aux futurs étudiants scientifiques quelques bases culturelles… Les difficultés que connaissent les universités pour recruter des étudiants motivés en première année -scientifique- viennent en partie (le reste étant dû au double système typiquement français classes prépas et grandes écoles d’un côté et université de l’autre) du fait que les lycéens ne sont pas sensibilisés à l’utilité des sciences, qu’elles soient appliquées ou théoriques et qu’ils y voient simplement une gymnastique ennuyeuse de l’esprit. Ils ne savent en outre pas que les mathématiques, la physique et la chimie peuvent les conduire à un grand nombre de métiers, sauf lorsque les parents sont un minimum au courant… Il est dramatique d’entendre de façon récurrente des élèves se demander à quoi tout cela peut bien servir… et de les laisser sans réponse. Dans cette voie, les TPE sont une bonne chose et l’on voit d’ailleurs souvent les élèves s’impliquer fortement dans leur projet.
Attendons cependant les épreuves du baccalauréat au mois de juin pour mieux juger de la valeur de ce nouveau baccalauréat. Les classes prépas passeront le test du changement l’année prochaine, l’évolution des concours d’entrée aux grandes écoles aura lieu dans deux ans…la transition s’annonce délicate…